La domestication du chien
Il y a 14 000 millions d'années, commence une relation entre le loup et l'homme. Quelques millions d'années plus tard ce loup apprivoisé donnera naissance à une nouvelle espèce que l'on appellera bien plus tard le chien. Le chien est présent dans l'histoire de l'homme depuis toujours. D'animal utilitaire dans l'antiquité et le moyen-âge, il est ensuite progressivement passé à un statut d'animal de compagnie puis à un statut d'animal familier et fait partie intégrante de la famille humaine et participe de manière positive à l'éveil de l'enfant.
1. Le loup père de tous nos chiens
D’après des tests génétiques, les hypothèses d’hier sont devenues aujourd’hui une certitude, le loup est reconnu comme l'ancêtre de nos chiens actuels. Certaines similitudes tendent à valider le lien entre le loup et le chien : même formule chromosomique, des caractéristiques du crâne, du squelette et de la peau sont comparables et enfin des ressemblances, biologiques, pathologiques, et même comportementales ont été observées.
La vraie question n'est donc plus de savoir si le chien descend du loup, ce qui semble clairement admis, mais de savoir quand ce rapport avec l'Homme a-t-il bien pu commencer ?
1.1 De la sauvagerie à l'apprivoisement
Il y a 300 000 ans, hommes et loups partageaient certainement le même territoire pour vivre et chasser. Ils existaient l’un à côté de l’autre, devaient se regarder de loin, se croiser parfois sans exercer de véritable action l’un vers l’autre.
Ces deux espèces qui se côtoyaient été des mammifères sociaux avec une organisation impliquant une hiérarchie fixant les règles de survie. Ces caractéristiques similaires, facilitées par la communication non-verbale que sont les postures et les expressions faciales ont aidé à créer un lien favorisant le passage de l’animal sauvage à l’animal apprivoisé. Mais cette relation qui a pu naître à été également un long processus de transformation qui a commencé pour la première fois quand l’homme a tenté d’apprivoiser cet animal sauvage pour devenir un animal domestique.
Alors depuis combien de temps est-il proche de l’être humain jusqu’à partager les mêmes lieux de vie ?
1.2 De l'apprivoisement à la domestication
De l’apprivoisement à la domesticité, un pas est franchi. Le loup s’est approché de nous, de nos lieux de vie.
Nous ne savons pas encore vraiment quand débuta la longue association de l’homme et du chien, cependant les fouilles archéologiques nous renseignent sur cette proximité qui remonterait à environ 14 000 avant JC. Ainsi, on remarque ce premier contact entre l'homme primitif et le chien encore à l'état sauvage grâce aux découvertes de fossiles, trouvés près de reste humains.
La découverte d’une tombe paléolithique, sur le site de Ein Mallaha, en Palestine, dans laquelle le squelette d'une femme, est couché près d'un chien, la main posée sur le corps de l'animal.
Les ossements d'un chien dans une tombe proche d'ossements humains ont été découverts en 1979 à Oberkassel (près de Bonn, en Allemagne).
Des ossements de chiens ont également été exhumés dans des vestiges de campements humains du Danemark, d'Angleterre, datant de 7 500 et 9 000 ans Av J.C., ainsi que dans une grotte de l'Idaho, fréquentée par les Indiens vers 8 300 av J.C.
Dans un cimetière vieux de 7 000 ans, en Scandinavie, on a retrouvé la tombe d’un chien sans être humain, différents objets ont été déposés dans sa tombe (un percuteur de silex, un andouiller de cervidés). Des objets déposés avec le chien, et là, on a donc un enterrement ritualisé. Finalement, on a déposé dans la tombe du chien des objets qui appartenaient et étaient utilisés par l’homme, dans le cas de l’andouiller qui était le résultat de chasse d’un animal par l’homme. C’est quelques choses comme un objet usuel ou un trophée accompagnant le chien. Cela reste assez proche des rites d’enterrements de nos jours. Les chiens faisaient donc l’objet de rituels d’enterrement identiques à ceux des humains. Effectivement, pour ceux qui peuvent enterrer leur chien chez eux, il n’est pas rare qu’ils déposent sa balle, son tapis auprès de lui comme le faisaient nos ancêtres.
Un certain nombre d’ossements de chien, ont été également découverts dans des zones de déchets domestiques, présentant des incisions, les chiens semblent bien avoir fait les frais, de temps à autre, de l'appétit des hommes.
Crâne de chien domestique (Canis familiaris)
portant des traces d'incisions sur la face et
le museau, indiquant clairement qu'il a été dépouillé
Tous ces vestiges archéologiques sont intéressants puisqu’ils nous montrent que la cohabitation entre l’homme et le chien remonte à loin.
Quel était cependant son statut : véritable compagnon de l'homme lui rendant des services ou simple animal domestique en semi-liberté profitant des poubelles des hommes ou remplissant des fonctions purement alimentaires ?
Aucune certitude ne peut être encore avancée sur son statut, car on ne peut pas dire si celui-ci était un animal domestique, c’est-à-dire habitant sous le même toit au sens large du terme et on ne peut pas affirmer d’après ces tombes que le chien était réellement un chien familier.
Cependant, il y avait certainement une proximité suffisante pour admettre que l’on puisse enterrer un chien et un être humain dans une même tombe bénéficiant ainsi d’attentions particulières.
2. Mais qu’est-ce qui a permis le rapprochement entre le loup et l’homme ?
2.1 L'hypothèse de Macdonald
Beaucoup d’hypothèses ont été avancées sur la domestication du loup, cependant un éthologiste Macdonald a émit une hypothèse sur les différentes étapes de la domestication du loup afin de déterminer ce qui a permis le rapprochement entre le loup et l’homme.
Tout d’abord, pour qu’il y ait cohabitation, partage, il ne faut pas être menaçant l’un envers l’autre: "Je n’ai pas peur et je ne fais pas peur"
Parmi les loups qui étaient à proximité des campements humains, il y a certains loups qui ont pris l’initiative de s’y aventurer. Il y a des loups qui dès le départ, ont accepté et tiré profit de la cohabitation avec l’homme et d’autres non.
Certains d’entre eux n’ont pas cherché le contact, mais l’ont plutôt fui et ont gardé leurs distances. D'autres, moins craintifs vis-à-vis des étrangers, présentaient des caractères moins inquiétants pour les hommes non seulement par leur apparence, mais aussi par un comportement juvénile avec des attitudes de soumission, de jeux qui ont favorisé le rapprochent entre le loup et l’homme.
La domesticité est liée au processus, dit "néoténie" : seul un animal montrant des signes de néoténie, c’est-à-dire la conservation, tout au long de sa vie, de caractères physiques et comportementaux juvéniles facilite la domestication.
Les loups les plus tolérants vis-à-vis des hommes et présentant un caractère néoténique auraient eu le droit de rester auprès d'eux et auraient constitué une population initiale de loups apprivoisés.
À partir de là, il y a eut presque simultanément deux choses :
- L’association avec échange mutuel de profit
- L’utilisation pour la chasse
2.1.1 Association par échange mutuel de profit :
Très vite, l’homme a remarqué que les loups pouvaient les protéger en leur signalant un danger beaucoup plus rapidement avant même qu’il ne le perçoive et en gardant leur camp des autres prédateurs ou des membres de tribus ennemies. Il est évident que les hommes ont perçu que le loup apprivoisé manifestait des comportements de menaces, des aboiements bien avant qu’eux même ne perçoivent l’origine de la menace, c’était une alarme qui représentait une sécurité. En échange, ces loups domestiqués ont appris aussi que dans le voisinage de l’homme, ils gagnaient une source stable de nourriture et pouvaient élever leurs petits beaucoup plus en sécurité qu’en pleine nature parce qu’ils profitaient de la sécurité que représentait l’homme.
2.1.2 L’utilisation pour la chasse :
Il y a eu déjà une association avec échanges de sécurité et puis il y a eut en même temps utilisation pour la recherche ou la traque du gibier (encore utilisée pour la chasse en groupe). L’homme n’a sans doute pas manqué d’admirer chez le loup, ses capacités pour la chasse (odorat et ouïe performants, rapidité de course, puissance de ses mâchoires).
On a retrouvé dans certains sites préhistoriques un grand nombre de cadavres de chevaux au pied d’une falaise. Il est évident que ces chevaux avaient été chassés et contraints à sauter et tomber dans un ravin.
Cela date d’une époque ou le loup était déjà associé à l’homme et on peut tout à fait supposer qu’il y a eu utilisation des capacités de traque du gibier, de chasse.
Il est certain qu'un jour l’homme a bel et bien apprivoisé le loup qui s’est transformé en chien domestique. De cette relation, va engendrer une sélection des comportements.
3. L'enfant préhistorique coup de pouce de cette domestication
« C’est un soir de la période glaciaire, voici plus de cent mille ans. Un loup s’approche de plus en plus près des feux d’homo sapiens sapiens et de la délicieuse odeur de viande grillée qu’ils répandent. Un enfant jette un os et le loup se rapproche encore un peu. Progressivement, le loup en vient à attendre les restes de la chasse. Ou peut être des enfants tombent-ils sur des louveteaux abandonnés dans leur tanière. Le plus aventurier de la portée s’approche des doigts d’un enfant et se met à téter. La mère de l’enfant met le louveteau à son sein pour le nourrir. Le jeune loup « adopte bientôt sa famille humaine », restant à proximité du groupe. Le premier « animal de compagnie » vient de prendre ses quartiers chez les humains. »
Selon Gail Melson et Hubert Montagner, il est fort possible que les enfants aient été à l’origine de cette naissance et de ce lien entre l’homme et le loup, et même qu’ils aient joué un rôle actif dans le processus de domestication. L’enfant devait montrer plus de curiosité, de sens du jeu, d’approche et aussi moins d’appréhension que les adultes voyants dans les chiens primitifs néoténiques comme des variantes d’autres enfants. Pour Stephe Jay Gould « les créatures néoténiques suscitent une poussée automatiquement de tendresse désarmante »
Aux temps préhistoriques, les enfants ne devaient pas toujours bénéficier des attentions qu'ils reçoivent de nos jours dans notre société. Les conditions de vie devaient laisser peu de place aux échanges affectifs et le chien devait leur apporter un environnement rassurant : « Les enfants ont eu affaire à un être vivant, pas brutal, pas menaçant. Les enfants ne trouvant pas la tendresse affective auprès de leurs parents, ils ont pu se réaliser comme enfants de façon différente. Je pense que les animaux ont joué un rôle important dans le passage de l’hominisation à l’humanisation. De son côté, l’animal est attiré par la configuration du visage de l’humain, en particulier le chien. Il distingue les différentes émotions. Il est sensible aux variations comportementales qui traduisent des variations émotionnelles » (Hubert Montagner)
La littérature fait souvent référence à cette fascinante relation qui peut naître entre un loup et un enfant comme dans le roman de Jack London "Crocs Blancs".
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