L’évolution de la place du chien à travers les âges

Publié le : 26/04/2018 - Catégories : Adoption , Chien et Chiot , Education

Il y a près de 8 000 ans, les hommes sont passés progressivement de la vie de chasseurs nomades à celle de fermiers sédentaires. Au fil des siècles, la domestication s'est perfectionnée par une sélection rigoureuse et continue des animaux les plus sociables et susceptibles d'aider l'homme dans ses tâches quotidiennes.

Avec le développement de l'agriculture sédentaire et la domestication du bétail, le chien serait donc devenu de plus en plus utile dans les sociétés humaines.
Selon Gail Melson « Les humains et les animaux ont progressivement développé une gamme de relations complexes. Les humains chassaient et élevaient des animaux en tant que produit de consommation. Ils étaient aussi les gardiens d’autres animaux qui servaient d’aides, de compagnons, d’objet d’amusement et d’objets d’affection. Ces deux relations n’étaient pas contradictoires, mais simplement deux aspects complémentaires de la domestication »

L’homme a donc trouvé dans l’animal des qualités supérieures à celles, sans pour autant les exclure, pour lesquelles il l’avait domestiqué et cette notion d’utilité (qui existe toujours) n’empêcha cependant pas que se développent des relations affectives entre le maître et son animal. Partageant son quotidien, le chien va devenir petit à petit le compagnon de l’homme. 

1. En Egypte Ancienne

En Egypte ancienne, le chien fit l'objet d'un véritable culte, à tel point que son meurtrier était passible de la peine de mort toutefois, son rôle de gardien et de chasseur n’était pas remis en cause.

Momies de chiens (musee du Louvre)

Momies de chiens (musée du Louvre)

Moins fréquente que les momies félines, les momies de chiens ont été également retrouvées dans certains sites. Certaines étaient momifiées avec soin, recouvertes de plusieurs épaisseurs de toiles puis recouverte de nombreuses bandelettes de couleurs différentes. On peut penser que les chiens momifiés appartenaient à des dignitaires ou servaient à la chasse ou à la guerre. Pour d’autres, apparemment, les chiens errants étaient simplement inhumés entourés d’une toile grossière. Ces totems deviendront au cours des siècles des divinités. 

Ces dieux avaient rarement une apparence purement animale, car le corps était bien souvent celui d’un être humain. Il en va ainsi du dieu Anubis qui s’identifie selon les cas au chacal ou au chien et était le gardien des morts en servant de guide dans l'au-delà.

le chien en Egypte Ancienne

2. En Grèce Antique

Assurant toujours son rôle de chasseur et de gardien, malgré, la peur qu'a engendrée cet animal auprès de la population, car on disait qu'il était porteur de la rage, le chien, est pour la première fois considéré comme animal de compagnie. On gardait même les chiens comme assistants thérapeutiques dans les temples dédiés à la guérison en raison de leur capacité innée de guérir les maladies.

La littérature grecque antique rend hommage à ce lien profond qui unissait Argos et Ulysse dans ce fameux livre qu'est l’Odyssée d’Homère, qui délaissé après le départ de son maître le reconnut dès son retour à Ithaque, vingt ans plus tard, et en mourut de joie.

Attaquée par surprise, tandis que sa garnison sommeillait, la citadelle de Corinthe fut vaillamment défendue par les chiens préposés à sa garde. Ils étaient cinquante, le seul qui survécut, "Sôter", parvint à alerter la population et la ville fut sauvée d'un massacre.

Dans la mythologie grecque, le chien Cerbère gardait les enfers empêchant les morts d'en sortir et les intrus d'y entrer.

le chin en Grèce Antique

Les chiens étaient aussi les emblèmes des dieux grecs de la médecine. Les malades et les infirmes faisaient un pèlerinage au temple d'Asclépios, fils d'Apollon et dieu de la médecine. Pendant leur sommeil, le dieu sous forme d'un chien venait les visiter et appliquer des coups de langue réparateurs sur les parties blessées.

le chien en Grèce Antique

3. En Rome Antique

Au Début de la Rome antique, les chiens étaient encore considérés comme chiens sacrés (la grotte de Vulcain). Au fil du temps, l'animal fut devenu moins noble, mais d'une grande utilité à l'homme. Le chien était employé dans plusieurs activités de la vie de tous les jours. Comme en ce temps-là, la stabilité des peuples était très précaire, ils furent dressés au guet, à la liaison ou au combat. En plus, ils furent très utiles comme éboueur des grandes villes. 

Les riches romains aimaient posséder un chien de garde (généralement un grand dogue) qui était signalé aux visiteurs par une mosaïque dans l'atrium accompagné de l'inscription "Cave Canem(attention au chien !). Cette mosaïque est placée à l'entrée des maisons dès le 1er siècle après J.C. Cette fameuse mise en garde, dessinée sur une mosaïque de Pompéi, montre l'importance du chien dans la Rome Antique. Attaché à une chaîne, il est obligatoirement lié à la maison et au maître. Même s'il n'a pas encore de rôle de chien de compagnie, son statut évolue. S'il n'entre pas dans la maison, il s'en approche. Le chien est donc doté d'un nouveau rôle celui de protecteur.

Cave Canem

Avec les Romains, la cynophilie commence à s'affiner et les différences de comportement entre diverses races sont davantage prises en considération. Tandis que les chiens de combat affrontent des ours dans les jeux du cirque, les petits chiens de chasse font leur apparition, les chiens de berger sont enfin reconnus pour leur utilité et les chiens de compagnie se multiplient.

4. Du Moyen âge au XIXe siècle

Du VIe au XVIe siècle, c'est essentiellement à la chasse que les chiens sont utilisés. Ils deviennent des compagnons, des complices, des auxiliaires privilégiés des seigneurs qui ont principalement comme activité la guerre ou la chasse. Par ailleurs, le chien devient protégé par la loi, mais il est en même temps banni par l'Église catholique. Le chien à cette époque passait selon certaines croyances, pour être une des incarnations préférées du diable. L'église interdisait à ses prêtes de posséder un chien : ils ne devaient ni chasser avec eux, ni les accueillir sous leur toit.
Le chien va cependant évoluer à l'aube de la renaissance sous François 1er et par le biais de l'influence italienne qui allie plaisir de vivre, confort, esthétique. Elle introduit en France des modes plus raffinées dans lesquelles le chien a son rôle à jouer. Il est alors partenaire des divertissements frivoles, le compagnon de jeu des enfants. Certaines races de chiens sont particulièrement préférées, au XVIe siècle les bichons, les épagneuls nains et autres, apparaissent sur les toiles au pied des souverains ou sur leurs genoux. 

Même s'il mène une vie de château, le chien continue à assurer des fonctions très diverses au quotidien : animal de trait (utilisé pour tirer les charrettes de lait ou de légumes), on le voit aussi chercher des truffes, conduire les troupeaux et affronter l'ours et le taureau dans les arènes. 

Au fil des siècles, les chiens furent de moins en moins utilisés en période de guerre pour tuer, mais plutôt pour exercer d'autres missions: patrouilles, sentinelles, éclaireurs.

Après la Révolution le sort des chiens n'est pas très brillant, les grandes meutes sont dispersées, il n'y a presque plus d'élevages. La révolution ayant aboli les privilèges et notamment celui de la chasse réservée jusque-là aux nobles. 

D'abord, coqueluche des classes aisées, le chien se démocratise au XIXe siècle. Il entre dans les familles et en devient un membre à part entière. La concentration urbaine des populations humaines a introduit de nouveaux rapports entre l'homme et l'animal. 

On constate également qu'au XIXe siècle un intérêt naissant pour l'enfant en lui donnant une place prépondérante au sein de la famille, ainsi qu'un traitement différent de la part de la société et de l'état cependant, il ne faut pas oublier que tout n'est pas encore acquis et que l'enfant évolue encore souvent dans des conditions difficiles. C'est avant tout la baisse de la natalité en France depuis le début du XIXe qui est à l'origine de la toute nouvelle attention particulière portée à l'enfant. En effet, celui-ci devient plus rare, surtout dans les milieux privilégiés et les classes moyennes. Le modèle de l'enfant unique commence à se répandre, l'enfant devient précieux et acquiert une nouvelle valeur. Valeur affective puisque l'enfant devient le centre de toutes attentions au sein de la famille.

C'est également au XIXe siècle que va apparaître réellement la notion de race avec des cynophiles qui favorisent volontairement un aspect physique et des traits de caractère spécifiques. Les expositions canines vont se mettre en place, les élevages vont reprendre et d'autres races vont naître. C'est aussi au XIXe siècle que les combats de chiens vont s'arrêter. 

En 1845, est fondée la Société Protectrice des Animaux dite SPA. En 1850, est mise en place la loi Grammont qui sanctionne le mauvais traitement des animaux. Mais la population affamée n'hésite pas à consommer ses propres chiens pendant le siège de 1870.

5. Le chien au XXe siècle

Beaucoup plus près de nous, les chiens vont participer aux deux guerres mondiales et autres conflits de ce siècle, ils sont affectés aux tâches les plus variées. Ils transmettent des messages, accompagnent les patrouilles, détectent les mines, surveillent les dépôts de munitions, certains sautent en parachute. Il y a aussi les chiens de guet, les chiens sanitaires. D'autres seront sacrifiés par les Soviétiques pour détruire les chars allemands.


Le chien au XXe siècle
Durant la moitié de ce siècle les expositions, les concours, les clubs de races vont continuer de s'affirmer. Qu'il soit petit ou grand, racé ou bâtard, le chien se rencontre dans tous les milieux sociaux comme compagnon d'agrément ou d'utilité.

Le développement de l'élevage du chien depuis plus d'un siècle a eu pour conséquence une étude plus approfondie de ses diverses maladies. Le chien, comme son maître bénéficie des progrès de la médecine de la thérapeutique et de la chirurgie même son hygiène et son alimentation sont étudiées d'une façon toute particulière. 

Le chien au XXe siècle

Malgré les diverses formes sous lesquelles se manifeste l'intérêt que suscite l'espèce canine, beaucoup sont maltraités, et même martyrisés. 

La fin du XXe siècle a donc amené donc des changements non seulement dans les rapports entre l'animal et l'homme, mais également au sein de la famille.
On constate une baisse considérable du nombre de naissances marqué par la banalisation des naissances hors mariage et par ailleurs une montée des divorces entraînant plus de 1.4 millions d'enfants vivant dans une famille recomposée. 

Parallèlement, on constate une augmentation du travail par les femmes. Toutes ces modifications au  sein de la famille ont réduit considérablement le temps consacré aux enfants et bien souvent l'animal comblera ce manque affectif comme le souligne Gail Melson " Nous pouvons compter sur ces compagnons pour dispenser de l'affection, soulager l'isolement de l'enfance, et donner à notre progéniture le temps de qualité que nous sommes trop épuisés ou trop distraits pour lui offrir."

De nos jours, l'animal représente un phénomène considérable dans notre société et depuis nous voyons fleurir tout un marché économique parallèle à cette affection que noue l'être humain avec son animal et ainsi créant de nombreux emplois et services (toilettage, élevage, animalerie, alimentation ….). Cette relation étroite s'est traduite également par un environnement législatif spécifique et de nouvelles lois sont apparues (loi de janvier 1999 sur les chiens dangereux...).

6. De nos jours, le chien au sein de nos familles

Aujourd'hui, les chiens vivent et sont omniprésents au sein de nos familles. Leur présence se fait si naturelle et familière est parfois ressentie comme indispensable. Nous leur donnons une place importante comme le confirment les statistiques.
Ainsi introduit au sein de la famille, le chien acquiert plusieurs rôles et peut devenir le substitut d'un membre absent, disparu, un médiateur, un confident, un réconfort, un anxiolytique, mais également un être vivant sur lequel on peut exercer un pouvoir absolu.

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